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Les commissaires de justice alertent les professionnels du BTP sur les constats sans valeur probante

Les commissaires de justice alertent les professionnels du BTP sur les constats sans valeur probante
Publié le 16/12/2022 à 17:51

Certains dispositifs utilisés pour prouver un sinistre ou autre ne sont en réalité pas déterminants devant la justice, pointe la Chambre nationale des commissaires de justice. Celle-ci invite le secteur de la construction à avoir recours au constat par commissaire de justice qui, encadré par la loi, permet de protéger leur activité.

 

Application mobile, photo horodatée, constat en ligne, nombreuses sont les promesses qui fleurissent sur la toile cherchant à séduire les professionnels du BTP qui souhaitent effectuer un constat à la suite d’un problème rencontré dans le cadre de leurs travaux. Mi-novembre, la Chambre nationale des commissaires de justice a ainsi tiré la sonnette d’alarme et tenu à alerter le secteur de la construction, du bâtiment et des travaux publics sur la multiplication des illusions de constats de travaux qui n’ont aucune valeur probante et sont susceptibles de causer d’importantes difficultés financières à l’ensemble du secteur.

 

Le constat, un mode de preuve « déterminant »

 

Les commissaires de justice rappellent qu’une matérialisation de la preuve par officier public et ministériel est le « seul acte ayant une valeur probante solide ». En effet, le commissaire de justice dresse des constats qui attestent de la réalité d’une situation à un moment et en un lieu précis, de façon neutre et impartiale, dans un acte authentique.

Pour établir un constat, le commissaire de justice procède sur place à des constatations matérielles. Il est amené à intervenir rapidement sur les lieux, avant que la preuve ne disparaisse. Une fois sur les lieux, il prend des photographies, filme la scène, réalise des prélèvements et mesures avant de consigner le tout « de façon localisée, dimensionnée, précise et quantifiée de manière certaine et indiscutable » dans son procès-verbal, souligne la CNCJ.

La solidité de cette preuve permet ensuite de se prémunir d’un litige à naître en évitant une procédure judiciaire, et de déboucher vers une médiation. Toutefois, si la procédure se poursuit jusqu’au procès, le constat constitue « l’un des modes de preuves les plus déterminants devant la justice », assure la chambre.

 

Une protection à tous les stades du chantier

 

Celle-ci recommande donc à tous les professionnels du BTP, quelle que soit la taille de leur entreprise, de faire appel aux constats par commissaire de justice afin de protéger leur activité, et ce, durant toutes les phases du chantier.

Avant que l’entreprise ne débute son chantier, le commissaire de justice peut ainsi intervenir pour constater l’état de la voirie, des murs, des immeubles ou maisons voisines, l’état des trottoirs, barrières, etc. Cela permettra à l’entrepreneur de se dégager de toute responsabilité si, une fois le chantier terminé, il se retrouve accusé d’avoir créé des dommages collatéraux (fissures sur les immeubles voisins, voie endommagée, etc.).

Par ailleurs, durant le chantier cette fois, un constat peut par exemple prouver un retard : dans le BTP, les différents corps d’état interviennent successivement, et dès que l’un d’entre eux prend du retard, ce retard se répercute sur le chantier suivant. Afin de ne pas être tenu pour responsable du retard à la livraison, l’entreprise peut faire constater son impossibilité de travailler dans les temps, le chantier n’étant pas prêt.

Autre utilité : le constat peut prouver une malfaçon, un vice caché dégageant là encore la responsabilité de l’entrepreneur. En effet, une fois le chantier lancé, le professionnel n’est pas à l’abri de découvrir des « imprévus », comme des matières dangereuses ou des enfouissements clandestins, qui vont engendrer des délais et des coûts supplémentaires.

Enfin, au moment de la remise des clés, le constat par commissaire de justice est à même de protéger l’entreprise ayant réalisé et livré le chantier en évitant que puissent lui être reprochés de futurs dommages liés à l’usage et l’usure et non à son travail. « L’ensemble des constats étant conservé durant 25 ans, cette précaution s’avère précieuse », argumente la CNCJ.

 

Bientôt un constat immersif à 360°

 

Pour aller plus loin dans la précision de ces constats, avant, pendant et après travaux, la CNCJ lancera d’ici quelques mois un nouvel outil : le constat immersif à 360°, dont le détail a été révélé à l’ensemble de la profession lors de son Congrès national, les 8 et 9 décembre prochains à Paris. Courant 2023, à partir d’une caméra, le commissaire de justice pourra ainsi bientôt réaliser une vidéo à 360° de l’objet de son constat (rue, façade, pièce…) dans sa globalité.

 

 

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